lundi 25 juin 2018

Chronique : Choses dont je me souviens, Sôseki



Auteur : SÔSEKI 
Titre : Choses dont je me souviens

Edition : Philippe Picquier 
Prose autobiographique 

Ma note : 11/20



Lorsque j’ai choisi l’ouvrage de Sôseki Choses dont je me souviens, j’avais avant tout envie de découvrir la littérature japonaise en dehors des auteurs que je connaissais et que j’appréciais déjà. Mon choix s’est porté sur ce livre suite aux conseils d’une amie et de la vendeuse présente ce jour-là. J’étais plutôt enjouée à l’idée de découvrir l’écriture de Sôseki, réputée pour être brodée de poésie, sous toutes ses formes.

Au-delà de la couverture sublime de l’ouvrage (les Pivoines de Yun Shouping, dynastie des Qing), le résumé disponible en quatrième de couverture a achevé de me convaincre.

« Certains livres, parfois, semblent portés sur l’aile frémissante d’un oiseau. En voici un, né de la joie intense d’avoir échappé à la mort. En 1910, hospitalisé pour une grave maladie qui met ses jours en dangers, Sôseki note au quotidien l’évolution de son état et ses réflexions. Choses dont je me souviens. Ce qu’il tente de retenir avec tant de hâte, malgré son extrême faiblesse, c’est bien sur le miracle de la vie rendue, mais surtout la paix du cœur, la clarté pleine de grâce qu’a atteinte sa conscience libérée de la pression de la vie réelle par cette expérience si particulière de la maladie. […] Si ce texte, prose entremêlée de poèmes, a une tonalité unique dans l’œuvre de Sôseki, c’est que l’écrivain en a fait la mémoire du bonheur. »


Mais je dois avouer que j’ai été relativement déçue par le contenu de cet ouvrage. Je m’attendais à un hymne à la vie et aux choses simples qui rendent heureux, aux petits détails du quotidien qui construisent le bonheur d’être en vie. Il y en a, mais beaucoup moins que ce que j’espérais.
Choses dont je me souviens est loin d’être une lecture désagréable : la prose de l’auteur est entraînante et les quelques poèmes insérés entre les lignes ont de quoi charmer sans aucun problème.

Mais j’espérais une célébration de la vie et je n’ai trouvé, entre ces pages, qu’une description de la maladie, une comparaison entre vie et mort. Certes, l’auteur s’arrête régulièrement sur des éléments de sa vie quotidienne qui l’ont marqué durant sa convalescence, on y retrouve un peu de ce bonheur de pouvoir respirer encore et cette joie de pouvoir encore ouvrir les yeux pour voir le monde. Mais à mon sens, cette joie est perdue entre les miasmes de la mort qui grignotent l’auteur à ce moment-là.

Ma déception toute relative vient donc principalement du fait que je m’attendais à une lecture toute en légèreté et en simplicité, ce qui est loin, très loin d’être le cas. Sôseki philosophe tant sur son état que sur les conséquences que cela entraine, pour lui et son entourage, du regard nouveau qu’il est amené à porter sur toutes les choses de sa vie, passées ou présentes. Il nous offre un regard de la vie à travers le filtre opaque de la maladie qui menace de l’engloutir à tout instant.

Si j’ai été déçue quant aux attentes que je nourrissais pour cette lecture, je n’ai pu qu’être agréablement surprise par la vision des choses offerte par cet auteur, par ses prises de conscience dans la maladie, dans le regard qu’il pose sur la vie lorsqu’il erre aux portes de la mort, de ce contraste entre son esprit qui continue de penser et son corps réduit à une immobilité mortuaire.